Eglise Saint Bénigne à Pontarlier

Etude de la sonnerie

Mise à jour le 24 aout 2010 : Nouvelles photos et vidéos

Le 12 août 2009, j'ai visité le clocher de l'église Saint Bénigne de Pontarlier dans le Doubs. C'est la principale église de la sous préfecture du Haut Doubs. Elle possède une sonnerie entièrement Franc Comtoise. Le superbe clocher à l'impériale, appelé également clocher comtois et typique de notre région, domine la ville. Cet édifice a été construit au XVIIème siècle, sur les bases d'une église antérieure, et a subi plusieurs rénovations au cour des siècles.

Le clocher-porche date de 1681 et son dôme à quatre contre-courbes de 1753.

 

L'intérieur de l'église Saint Bénigne :

 

Une cloche d'appel se trouve dans l'église. Elle est destinée à annoncer le début des offices, mais elle n'est plus utilisée actuellement. Il s'agit d'une cloche fondue par la fonderie Obertino à Labergement Sainte Marie :

Notre Dame d'Espérance (Cette statue se trouve habituellement à la chapelle de l'Espérance dominant la ville. Elle a été ramenée à Saint Bénigne pour la fête de l'Assomption) :

L'orgue :

L'accès au clocher se fait par le biais d'un escalier en pierre et en colimaçon. Pour des raisons de sécurité, il n'est pas ouvert au tourisme.

Les cloches, par contre, ont été montées par la trappe visible dans le porche d'entrée :

L'horloge historique de l'église réalisée en 1753  ne fonctionne plus, mais a été restaurée en 1995 par l'entreprise Prêtre de Mamirolle.

 

Voici la charpente de la nef principale :

Au dessus de l'étage de l'horloge se trouve la chambre des cloches. Le plancher de cette pièce repose sur un entrelat de poutres majesteuses. Pour avoir visiter bon nombres de clochers, c'est la première fois que je vois une telle épaisseur de poutre pour soutenir une sonnerie.

 

L'église Saint Bénigne possède quatre cloches. Une charpente en bois les soutient et permet ainsi que les vibrations et l'inertie des cloches lorsqu'elles sonnent ne soient pas transmises à la maçonnerie de l'édifice. A noter qu'une cloche en mouvement transmet une force à la charpente égale à 2,8 fois son poids environ.

   

Le beffroi en bois de Saint Bénigne comporte également une galerie permettant d'acceder au dessus des cloches, ainsi que des vestiges des anciens modes de sonneries. Sur la photo si dessous, on distingue les moteurs de volée du bourdon, et les chevrons avec les poignées où s'accrochaient les sonneurs de cette cloche au temps où les moteurs n'existaient pas. Il était sonné "au pied".

 

Pour information, la sonnerie au pied était utilisée pour les cloches pesant plusieurs tonnes. Une des dernières cloches en Europe actionnée de la sorte est à Saint Denis, près de Paris. Voici une vidéo exceptionnelle (ce n est pas Pontarlier mais Saint Denis sur cette vidéo) :

Autre vue du beffroi :

   

Petite cloche :

La petite cloche a été fondue en 1804 à la Grand Combe, près de Morteau par J.D. ROGNON et ses Fils. Elle pèse environ 450 kilos et mesure 96,5 centimètres de diametre. Elle sonne le Sol. Elle est supportée par un joug métallique. On distingue à sa droite la roue permettant au moteur de la faire sonner.

  

Voici une vidéo de cette cloche lorsqu'elle sonne à la volée. La vidéo permet également de voir l'ensemble du beffroi :

       

Détail :

   

Seconde cloche :

La seconde cloche a été fondue également en 1804 par le même fondeur, J.D. ROGNON de la Grand Combe. Elle pèse environ 750 kilos et mesure 1,15m de diametre. Elle sonne le Mi. En bas à droite de la cloche, on distingue le marteau de tintement qui frappe la cloche pour la sonnerie des heures.

  Vidéo de la sonnerie de cette cloche :

Détails :

 

Troisième cloche :

La troisième cloche a été fondue en 1855 par François HUMBERT de Morteau. Elle se prénomme Rozanne et pèse 1600 kilos. Elle mesure 1,335 de diametre. Elle sonne le ré dièse.  C'est une très belle pièce avec des décorations très fines.

 

Détails : Scène de chasse 

  

Voici cette cloche qui sonne à la volée :

Quatrième cloche : le Bourdon

La pièce maîtresse de ce clocher est le bourdon, nom donné à la plus grosse cloche d'un édifice (il faut qu'elle pèse plusieurs tonnes pour être nommé bourdon également).  Il s'agit sans conteste, d'une des plus belles réalisations du fondeur François HUMBERT de Morteau. Elle se prénomme Marie-Celestine, mesure 1,63 m de diametre, pèse selon les sources de 2600 à 2800 kilos et sonne entre le Si et le Do. Le bourdon est sonné lors des fêtes religieuses et également pour marqué les faits joyeux ou tristes de notre société.

Me voici à côté de cette illustre cloche, en compagnie d'un membre de la paroisse. J'ai monté au clocher une cloche de vache de ma collection fondue en 1836 par François Humbert :

Ce bourdon a été rénové il y a quelques années : Remplacement du joug en bois par un neuf. Présence de deux moteurs de volée. Le bourdon a été tourné d'un quart de tour pour limiter l'usure du au battant.

 

Voici plusieurs vidéos du bourdon sonnant seul à la volée :

Courte sonnerie au poussé :

Autre vidéo de la sonnerie en solo :

Vue de l'éxterieur :

Détails :

 

Plenum (sonnerie de toute les cloches) :

Etude campanaire :

Une étude de la sonnerie a été réalisée en 1985 par le Chanoine RINGUE, expert campanaire du diocèse de Strasbourg. Une copie se trouve aux archives municipales. Elle stipule que c'est une sonnerie très interessante. Je me permets de souligner certains points importants de cette étude :

Les deux petites cloches fondues en 1804 ne sont pas de bonnes qualités car l'alliage d'airain ne semble pas correct. La conjoncture de cette époque a jouée dans le choix des matières premières. Le bronze de qualité étant surement réservé aux canons et à la monnaie.

Le chanoîne faisait la proposition suivante : descendre ces deux cloches du clochers pour les installer dans un autre édifice de la ville. Elles pourraient etre remplacées par trois cloches neuves dont les notes seraient mieux en accord avec les deux cloches restantes (dont le bourdon). Si jamais cela se réalisait un jour, se serait l'occasion de marquer l'histoire de l'édifice par un fait marquant. De plus, Pontarlier a eu plusieurs fonderies de cloches au cours des siècles (Notamment les fondeurs Beau et Lievremont), se serait donc une belle mise en valeur de l'art campanaire.

Pour finir, je vous propose quelques autres vidéos :

Sonnerie de 3 des 4 cloches :

      
Sonnerie des deux cloches Humbert :
Le dernier étage du clocher est la salle du guetteur. Sa mission était de surveiller la ville et de prévenir la population de tout danger imminent tel qu'un incendie, une invasion.
     
Il avait une vue imprenable sur la ville :
    
    
Au dessus de la ville de Pontarlier, se trouve la chapelle de Notre Dame d'Espérance. Chère au coeurs des pontissaliens, on fetera ses 150 ans en 2011.
Photos et vidéos : www.cloches.org
Quelques autres photos pêle mêle de ma visite : cliquez ici
  
Informations issues des archives municipales de Pontarlier. Remerciements aux personnes qui ont permis cette visite et qui se reconnaitront.